Tes souvenirs s'effacent...
- Cécile Lou
- 9 août 2018
- 2 min de lecture

Tes souvenirs s’effacent…
Tu aimais les mots et la logique,
La physique, l’histoire et la politique,
Avec toujours un stylo à la main
Et un carnet comme fidèle témoin.
A chaque jour qui passe,
Tes souvenirs s’effacent.
Tout change inexorablement
Sauf ton sourire bienveillant.
Et à travers lui je vois encore,
Ton amour comme éternel trésor.
Tu étais instruit et intéressé,
Et pourtant pudique et réservé.
Le passé et la guerre, c’était derrière.
La famille qui grandit bien plus extraordinaire.
A chaque jour qui passe,
Tes souvenirs s’effacent.
Tout change inexorablement
Sauf ton sourire bienveillant.
Et à travers lui je vois encore,
Ton amour comme éternel trésor.
Puis, prémices de tes défaillances,
Sont apparus des temps de latence,
D’infimes oublis puis de vives hésitations
Bientôt suppléés pas d’incessantes répétitions.
A chaque jour qui passe,
Tes souvenirs s’effacent.
Tout change inexorablement
Sauf ton sourire bienveillant.
Et à travers lui je vois encore,
Ton amour comme éternel trésor.
Tes filtres se sont transformés,
Le présent s’est évaporé au profit du passé,
Avec toutes ces précieuses minutes perdues,
Gommées, avant même d’être retenues.
A chaque jour qui passe,
Tes souvenirs s’effacent.
Tout change inexorablement
Sauf ton sourire bienveillant.
Et à travers lui je vois encore,
Ton amour comme éternel trésor.
Ta mémoire te joue de vilains tours
Sans tambour ni troubadour.
Elle a perdu le do comme le mi
Et toutes ses gammes de la vie.
A chaque jour qui passe,
Tes souvenirs s’effacent.
Tout change inexorablement
Sauf ton sourire bienveillant.
Et à travers lui je vois encore,
Ton amour comme éternel trésor.
J’aimerais tant pouvoir t’aider à te rappeler,
Mais quand le cerveau défaille avec absurdité,
Il n’y a ni piles à permuter, ni réparations à tenter.
Il ne reste qu’à accepter que tu as changé.
A chaque jour qui passe,
Tes souvenirs s’effacent.
Tout change inexorablement
Sauf ton sourire bienveillant.
Et à travers lui je vois encore,
Ton amour comme éternel trésor.
Je redoute qu’un jour tu me regardes surpris,
En tentant de te rappeler qui je suis,
Que tu t’accroches au fond de mes yeux
Comme à des bouées en plein océan tumultueux,
J’ai peur de percevoir l’étincelle dans ton regard
Se dissiper peu à peu sous un ardent brouillard.
A chaque jour qui passe,
Tes souvenirs s’effacent.
Tout change inexorablement
Sauf ton sourire bienveillant.
Et à travers lui je vois encore,
Ton amour comme éternel trésor.
Alors pour toi je me souviens,
Des groseilles au fond du jardin,
De questions pour un champion,
De tes foutues tables de multiplications,
De tes « bon sang de bonsoir » épiques
Et de tes fameux bisous qui piquent.
A chaque jour qui passe,
Tes souvenirs s’effacent.
Tout change inexorablement
Sauf ton sourire bienveillant.
Et à travers lui je vois encore,
Ton amour comme éternel trésor.
Pour toi, je raconte aussi,
A tes arrières-petits-enfants, ta vie,
Tous ces souvenirs de vacances,
Tous nos échanges et ton indulgence,
Ce passé qu’ensemble on a dessiné
Et tout cet amour partagé.
A chaque jour qui passe,
Tes souvenirs s’effacent.
Tout change inexorablement
Sauf ton sourire bienveillant.
Et à travers lui je vois encore,
Ton amour comme éternel trésor.
Et même si pour toi tout devient noir,
Que des nuages obscurcissent ta mémoire,
Et même si j’appréhende malgré ce poème
Qu’un jour, tu ne sois plus le même,
Je sais qu’au fond de ton cœur
Est à jamais gravé tout le bonheur.
Ta grande petite poupée râleuse
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