Là, maintenant, tout de suite…
- Cécile Lou
- 6 juil. 2018
- 5 min de lecture

Les flammes des bougies vacillent, ondulent et éclairent de leur douce lumière la table. Celle-ci peut rivaliser avec les plus célèbres publiées sur Pinterest, avec sa jolie nappe en lin fraichement repassée avec soin et son chemin de table étincelant de jolies étoiles dorées. Elle accueille fièrement l’argenterie de ma grand-mère et les serviettes blanches que j’ai pliées tout en délicatesse en forme de roses. Des petites pommes de pin enneigées, des photophores agrémentés de dentelle et des petits fagots de bois s’invitent pour parfaire l’ensemble. Tout doit être exceptionnel pour notre premier noël ensemble.
Je me suis habillée avec soin avec la belle robe rouge que j’ai fini par dénicher après avoir écumé toutes les boutiques du centre-ville. Elle dévoile mon dos, laisse même entrevoir le creux de mes reins et me dispense de soutien-gorge. Des bas résilles et des talons vertigineux parachèvent ma tenue. Je suis prête. Tout est prêt. Là, maintenant, tout de suite, il ne manque plus que lui…
J’allume la musique et je me sers un verre de rouge. Le vin n’a pas encore eu le temps de s’aérer suffisamment mais il délivre déjà des notes vanillées puissantes et sucrées, un vrai délice comme le repas que j’ai passé la journée à préparer amoureusement.
La sonnette résonne. Mon cœur s’accélère. Cela fait plusieurs mois qu’il est entré dans ma vie et pourtant mon corps ne peut s’empêcher de frémir à chacune de ses apparitions.
Il entre des fleurs à la main. Je ne me lasse pas de l’admirer. Il porte un jean sombre qui galbe ses cuisses musclées, une chemise blanche et une veste de costume bleue qui fait ressortir la couleur de ses yeux. Il la dépose au porte manteau puis s’approche d’un pas lent et assuré, comme s’il prenait du plaisir à faire durer l’attente. Son regard ne quitte pas le mien. Puis enfin, il me tend le bouquet et ses lèvres s’emparent des miennes. Elles sont fraiches et je me laisse happée par l’avidité de son baiser. Ses mains encore engourdies par le froid glissent le long de mon dos dévoilé et me font frissonner. Puis soudain, elles enserrent mes fesses et il me soulève de terre avec délicatesse et détermination. Je laisse tomber les fleurs sur le tapis pour m’attraper à son cou. J’ai bien fait de commencer l’apéro car j’ai bien l’impression que nous n’allons pas déguster un bon cru pour commencer la soirée.
Il me dépose tendrement sur le divan et s’allonge sur moi. Nos lèvres se cherchent avec une avidité criante, à l’image de notre désir intense. Sans que je m’en rende compte, ma robe se retrouve par terre, suivi de près par ma culotte en dentelle. Il se redresse et j’en profite pour me jeter sur les boutons de sa chemise. Je veux sentir sa peau nue contre la mienne. Mais il ôte sa ceinture et m’attache les mains à l’accoudoir. Son jean bien tendu me prouve que son envie est aussi pressante que la mienne, pourtant il prend tout son temps pour finir de déboutonner sa chemise.
Mes mains s’agitent, je veux le toucher, le sentir… Mais elles sont solidement attachées et à part la morsure du cuir sur ma chair, cela n’a aucun effet et surtout pas sur le rythme qu’il a décidé d’imposer. Sa chemise enlevée, il se lève tranquillement et me scrute fiévreusement. Ses yeux passent tout doucement de mes seins tendus à mon entrejambe et glissent le long de mes bas jusqu’à la pointe de mes talons. Je me consume sous son regard, il n’a même pas besoin de me toucher pour que je m’enflamme. Mes cuisses, mes fesses se contractent, mon moi intime le réclame aussi impatient que moi.
Enfin, ses mains viennent se poser sur mon corps. Il caresse mes bras tendus au dessus de ma tête, longe mon cou, dessine ma poitrine et poursuit son chemin…Le froid n’est plus qu’un lointain souvenir, ses mains sont désormais brûlantes et propagent leur chaleur à travers ma peau. Il sort un bandeau de sa poche et le place sur mes yeux… Mais alors que je m’attends à ce qu’il me touche de plus belle, je le sens s’éloigner.
Lorsqu’il revient quelques secondes après, je sens un minuscule objet froid se poser au creux de mes seins. Je frisonne… Il commence alors à le faire glisser sur mon corps, sur tout mon corps… Je frémis sous ces étranges caresses et chaque effleurement provoque des petites rafales de plaisir qui affluent vers mon entrejambe. C’est un véritable supplice qui me fait vibrer de plus en plus. Je gémis… J’ai tellement de mal à contenir le feu qui brûle en moi… Heureusement, il cesse cette douce torture et je le sens passer ses mains derrière ma nuque pour attacher un fermoir. J’en déduis que ce surprenant accessoire est mon cadeau de noël, mais je n’en ai que faire à cet instant là. La seule chose qui m’importe, c’est qu’il s’occupe de moi, là, maintenant, tout de suite… Et qu’il vienne enfin combler ce désir violent.
Pourtant il recule de nouveau. Imaginer son regard toujours posé sur moi m’excite au plus haut point. Je l’entends retirer son pantalon et deviner son sexe à quelques centimètres de moi sans que je ne puisse m’en saisir finit de m’embraser. J’ouvre la bouche pour le supplier, mais aussitôt son doigt vient se poser sur mes lèvres. Je l’aspire, je le suce avec avidité comme pour compenser la frustration due à mes mains liées. Quand je commence à le mordiller, il le retire brusquement…
Je n’ai pas le temps de souffler que je sens son doigt qui pénètre mon intimité. C’est comme une délivrance délicieuse. Je palpite et l’enserre pour mieux le sentir. Il commence à me caresser mais ce n’est pas ce que je désire à ce moment précis. On a tout le temps pour les papouilles et les longs préliminaires sont parfois inutiles. Là, maintenant, tout de suite, je veux juste qu’il me prenne…
Il doit sentir que je n’en peux plus et que je suis plus que prête à l’accueillir car il me retourne brusquement et me pénètre fougueusement. Je le sens en moi, profondément. C’est si bon qu’à chaque à coup je me recule toujours plus pour m’empaler sur lui. Je perds toute notion du temps et me laisse emportée dans ce corps à corps puissant, enivrant et tellement déroutant en raison de mes yeux bandés. Soudain une tension emplit mon corps, mes jambes se mettent à trembler, je me tends… Il accélère alors le rythme et l’orgasme nous libère au même moment…
Il me retire le bandeau, rend la liberté à mes mains puis il me garde serrée contre lui. Je sens son souffle qui ralentit, j’inspire son parfum et savoure le contact de ses mains sur ma peau. Je suis tellement bien, comblée, heureuse, que je ne tarde pas à m’assoupir…
Soudain, une sonnerie retentit. Je sors de ma torpeur et reprends mes esprits quand je le vois se précipiter vers son téléphone.
Il ne cherche même pas à me donner des explications. C’est inutile.
Mon regard se perd sur la table décorée qui semble maintenant aussi belle qu’inutile et sur les fleurs abandonnées sur le tapis. Je respire les douces odeurs du repas préparé en vain.
Malgré les attentes des enfants, le père noël repart au pôle nord.
Malgré le baiser du prince, Cendrillon retrouve sa citrouille.
Malgré le pendentif en forme de cœur à mon cou, mon bel amant part rejoindre sa femme.
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