Sous la vague - Anne Percin
- Cécile Lou
- 16 oct. 2018
- 2 min de lecture

Dans ce roman, Anne Percin nous submerge sous une vague insolite et onirique.
Le personnage principal, Bertrand Berger-Laffite, héritier d’une prestigieuse propriété de Cognac découvre malgré-lui l’effet papillon et la loi des séries. Le voilà confronté aux difficultés de son entreprise consécutives à la catastrophe nucléaire au Japon, à une ex-femme qui flirte avec la trahison, à une fille enceinte et en prime d’un de ses ouvriers syndicalistes et cerise amère sur le gâteau, le voilà lui-même menacé de licenciement.
On rencontre un homme flegmatique, un peu trop à mon goût (j’avoue que j’aurais bien aimé le secouer un peu) qui au lieu de lutter, ou du moins de relever ses manches préfère fuir le réel. Il ne parle quasiment qu’à son mystérieux chauffeur Eddy avec lequel il échange de rares confidences et quelques joints. La vague semble couler sur lui sans incidence. A l’inverse, il porte une attention profonde à tous les animaux qu’il est amené à rencontrer, le faon renversé, le chien fugueur, la corneille prisonnière et les chatons pour lesquels il dégaine même la hache. Bertrand est en décalage et nous fait partager des moments incongrus, en rupture complète avec sa situation personnelle et le contexte économique.
Le rythme est un peu lent mais la plume est agréable, et l’histoire laisse planer certaines ambiguïtés qui peuvent donner lieu à diverses interprétations. Toutefois, j’ai le sentiment de ne pas avoir saisi tous les messages de l’auteur, et je reste donc sur ma faim, sur le rivage, un peu déconcertée par cette parenthèse malgré tout poétique et singulière.
Extraits :
« Tout ce qu’il faisait était d’offrir à l’hypothétique découvreur de ces messages une chance de rêver à son tour. De s’inventer une quête, une mission. Il estimait du haut de ses huit ou neuf ans que c’était là un très beau cadeau qu’il faisait à ses semblables. Apporter de l’imprévu, du piment à une existence qui à son goût en manquait cruellement. »
« Il n’existait que de belles erreurs, qui parfois duraient des années. Des illusions, des rêves, des mensonges, des espoirs montés les uns sur les autres en piles hasardeuses, hautes comme des pièces montées, qui un beau jour s’écroulaient parce que le caramel avait fondu et qu’on avait cessé d’y croire. »
« Tout cela avait été, ne reviendrait plus peut-être, mais puisque le souvenir ne l’en avait pas quitté tout à fait, il était possible de ressentir encore comme un lointain écho du bonheur. »
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