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Un roman étranger - Khalid Lyamlahy

  • Photo du rédacteur: Cécile Lou
    Cécile Lou
  • 23 juil. 2018
  • 3 min de lecture




Un roman étranger est le premier roman de Khalid Lyamlahy, jeune auteur de 32 ans né au Maroc.


La quatrième de couverture commence par ces mots : « Qu’est-ce qu’un titre de séjour ? ». Et effectivement, on découvrira au fil des pages le combat du narrateur pour le faire renouveler : une immersion dans les longues procédures et les délais interminables, avec en fil rouge, les émotions de cet homme, obligé d’attendre et d’espérer ce bout de papier.


Toutefois, on découvrira aussi l’amour du narrateur pour la belle Sophie aux yeux verts et sa relation avec Lucien, un peintre avec lequel il partage notamment ses doutes sur la création. Mais surtout, on le suivra pas à pas dans la construction de son roman, ce roman étranger.


En fait, ce livre est une valse lente, à trois pas, répétitifs : le titre de séjour, les sentiments et l’écriture. L’auteur passe de l’un à l’autre pour y revenir, encore et encore car les doutes du narrateur sont les chefs d’orchestre qui dirigent sa vie et le livre. Ils sont à la fois décrits avec justesse et avec pudeur. On voit cet homme osciller entre hésitation et perplexité, questions et angoisses. On le suit, un pas en avant, deux en arrière, au fil des rencontres et de ses journées.


Alors, si vous êtes à la recherche d’une écriture incisive et rythmée, vous risquez fort de vous ennuyer. Mais si vous êtes prêts à vous laisser bercer par une douce mélodie sur le rythme d’un métronome plus lent, vous allez pouvoir découvrir de très beaux extraits et une plume fine et précise.


Les phrases sont longues, parfois un peu trop à mon goût, mais on ne peut passer à côté des mots, savamment distillés, les uns après les autres, de cette écriture qui prend parfois des airs de poésie et du travail minutieux de l’auteur dans ce roman.


Un Roman étranger, malgré un rythme un peu trop lent et certaines récurrences dévoile les doutes d’un homme pendant la création d’un roman. Il nous permet de nous arrêter sur les conditions dans lesquelles se retrouvent les personnes qui tentent d’obtenir le fameux sésame et surtout de découvrir la plume précise et poétique de Khalid Lyamlahy.



Extraits :


« A elle seule, elle semblait apporter un brin de lumière dans la brume triste qui s’écrasait contre les vitres du café. Nous avons parlé de tant de choses. Nous nous sommes échangé nos nouvelles, comme si notre rencontre survenait après des années de séparation, comme si nous étions deux amants que l’histoire a éloignés et que le hasard a enfin réunis. »
« Et puis le doute a refait surface. Lentement, il a redéployé ses ailes opaques sur cet espace intime où je me réfugiais chaque soir, seul devant la blancheur candide et insolente des feuilles. Il ressemblait à ces nuages d’été qui traversent le ciel bleuté, viennent de temps en temps à autre dissimuler le cercle rayonnant du soleil estival puis disparaissent ou s’estompent comme s’ils n’avaient jamais existé avant de réapparaître quelques instants plus tard, tout aussi denses et grisonnants que la première fois. »
« A chaque mot qui tombe sur la page blanche, quelque chose se brise en moi. A chaque phrase qui vient s’immiscer dans l’architecture du texte, quelque chose se détache de moi. Je ne sais pas nommer cette chose étrange qui me quitte pour se réfugier dans le creux du texte, cette part de moi qui s’envole telle une brindille emportée par la brise matinale pour finir quelque part dans un tas de feuilles mortes oubliées contre une haie ou au pied d’un arbre centenaire. »

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© 2018 Cécile Des livres à la plume.

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